L'ÉVOLUTION D'UNE CITÉ
 
 
« Saint-Avold a joué un rôle de tout premier plan dans l’histoire lorraine. Elle abritait dans ses murs des Ducs de Lorraine, des rois de France et des empereurs d’Allemagne » écrit au XVIIIsiècle le très grand historien bénédictin Dom CALMET.
  • De la fondation de la Ville au Saint-Avold marchand 

De nombreuses traces humaines du paléolithique et du néolithique ont été découvertes sur le territoire de la ville. Par la suite des villas gallo-romaines seront érigées.

La création d’un monastère entre Rosselle et Mertzelle, à l’emplacement d’une villa appartenant à l’origine à Hilar, par Sigisbaud, évêque de Metz en 722, est à l’origine de la fondation de la ville. Chrodegang (712-766), son successeur, ministre de Charles Martel et de Pépin le Bref, de retour d’un voyage diplomatique à Rome, y dépose à la fin août 765 les reliques de Saint Nabor, officier martyrisé vers 309. Ce Saint donnera alors le nom à l'abbaye et à la localité qui s'y développent à l’ombre du monastère protégé des évêques de Metz et réputé pour son scriptorium.

Au XIesiècle, les habitants de la bourgade épiscopale de Saint-Nabor ou «  Santerfor »  se placent sous la protection d’un seigneur laïc appelé avoué. Les premiers en sont les comtes épiscopaux de Metz,  puis l'évêque Étienne de Bar (1120-1162) confia vers 1160 l'avouerie de Hombourg-Saint-Avold, c’est-à-dire la ville et une vingtaine de villages, aux comtes de Sarrebruck et aux seigneurs de Créhange, ses vassaux.

La ville est affranchie par les évêques avant 1302. Elle est alors le  siège d’une justice particulière, la mère-cour. De culture germanique par sa langue, et ses traditions, elle se dote d’un coutumier ou "Stadtrecht" codifié en 1580, qui précisait entre autre le fonctionnement de l’institution municipale et le droit local.

« Santerfor » est un centre commercial actif au 14esiècle, ville relais pour les marchands français et lorrains, voir rhénans qui se rendent à Nancy et à Vaudrevange (Wallerfangen), capitale du bailliage d’Allemagne. De grandes corporations, de tanneurs, tisserands et de bouchers se créent dès  le milieu du XVesiècle. Elles exportent leurs produits dans tout le monde rhénan voir vers  la mer du Nord. Trois foires de renommée régionale animent chaque année l’économie locale. On y échange du cuir, du chanvre, de la laine et des bovins.

La ville est aussi une paroisse unique de langue allemande. Elle possède une église dont les fondations sont carolingiennes, dédiée aux saints Pierre et Paul agrandie en 1492 - 1500 par Adam de Roupeldange, qui est l’abbé collateur du monastère des bénédictins depuis 1140. Cette église sert au culte paroissial jusqu’en 1792, date à laquelle elle est désaffectée et remplacée par l’église abbatiale alors toute neuve, suite à la suppression du monastère des bénédictins.

  • Du duché de Lorraine au royaume de France : 1581 – 1766 

Le 16 mai 1572, le cardinal Charles Ierde Lorraine, évêque de Metz, cède l'avouerie de Hombourg-Saint-Nabor à son neveu Henri I, duc de Guise. A son tour, celui-ci la vend le 24 novembre 1581 à Charles III, duc de Lorraine. La ville est alors intégrée au duché de Lorraine, état indépendant qui connaît son âge d’or. Elle est le chef-lieu économique d’une seigneurie d’une trentaine de localités, administrée par un bailli ducal établi au château de Hombourg.

La ville connaît une expansion démographique remarquable et atteint 2 000 habitants en 1628. Le duc de Lorraine Henri II cède ses terres en cadeau de mariage en 1621 à Henriette de Lorraine et à Louis de Guise qui stimulent le commerce et l’économie de la seigneurie. La ville crée un faubourg, et des maîtres verriers développent l'industrie du verre au lieu-dit « Ambach » dont les produits sont exportés jusqu’à Rotterdam. La princesse Henriette fonde un couvent des bénédictines en 1631  et elle créée la première école bilingue de jeunes filles de la région.

Pendant la guerre de Trente Ans, (1618-1648) la ville est plusieurs fois occupée et pillée par les Français, et les Suédois. Épidémies, famines et guerres font disparaître une grande partie de la population. Certains habitants fuient vers les pays rhénans et le Luxembourg. La ville ne compte plus que dix-huit habitants en 1656.

Les traités de Ryswick et de Paris, de 1697 et 1718 voient la paix s’installer. La démographie naborienne est rétablie en 1750-60, fortifiée par l’apport tyrolien des années 1700-1720. Les mesures prises par le duc Léopold après 1698 dans les domaines économiques et administratifs favorisent la reconstruction de Saint-Avold, alors désigné comme chef-lieu d’une prévôté de vingt-trois villages dans un nouveau bailliage d’Allemagne. Le duc attribue à la ville pour la remercier de sa fidélité, ses armoiries qui sont les armes pleines de Lorraine. La reprise économique des années 1715-1730 voit la construction de plus de deux cents nouvelles maisons. Un nouvel Hôtel de Ville (28, rue des américains) est construit en 1735.

Un ensemble de belles fontaines de style germanique construites en 1714 par le maître-maçon Melchior Spinga venu du Milanais, aidé par les tyroliens, agrémentent le centre-ville.

Le « beau XVIIIesiècle » laisse son empreinte au centre-ville. De belles demeures bourgeoises, aux portes sculptées et fenêtres mansardées, témoignent de la richesse de la bourgeoisie commerçante. Plusieurs dynasties d’artistes s’implantent à Saint-Avold lors de la reconstruction de l'abbaye en 1720-1790 tels les Metzinger et Melling.

La ville retrouve son rôle de ville étape entre le monde germanique et la France. Un certain nombre de familles  de la ville comme les familles d’Avrange, Kaiser et Hennin choisissent  de servir les Habsbourg et accompagnent le duc de Lorraine François III (1708-1765) en Autriche. Elles y feront de belles carrières dans l'administration et l'armée et l’administration. Le règne du roi polonais Stanislas (1677-1766) devenu duc de Lorraine n’est que nominal. Son intendant français, François Chaumont de la Galaizière introduit le système français très impopulaire de la corvée et de la milice et il augmente les impôts et les taxes. La ville devient comme toute la Lorraine ducale, française en 1766. 

Saint-Nabor

  La Vierge

                                                                                                                                                  

  • De la Révolution à l'annexion : 1789-1870 

La Révolution est accueillie , dans un premier temps sans problèmes, mais la Constitution civile du clergé de 1791 et les mesures de déchristianisation prises en 1793 vont heurter les opinions de surcroît déjà irritées par la dissolution des ordres monastiques. La terreur provoque l’émigration de soixante-trois personnes en 1793-1794. Saint-Nabor devient Rosselgène. Le culte de « l’Être Suprême » est institué. Les très nombreux prêtres réfractaires bénéficient de la vaste complicité d’une partie très importante de la population.

La ville affronte une situation financière dégradée et des passages de troupes continuels. Elle est chef-lieu de canton et s’intègre difficilement dans le nouveau département créé en 1790, malgré l’aide de son premier député, Joseph Becker (1743-1812)  qui fut l’un des seuls députés mosellans à avoir voté contre l'exécution de Louis XVI.

Le Consulat puis l’Empire ramènent le calme dans les esprits et la paix religieuse par la signature du Concordat et grâce à la modération de Jean Nicolas Houllé (1750-1841), archiprêtre de Saint-Avold.

Une certaine prospérité économique se développe jusqu’en 1813. L'Empire bénéficie d'une large popularité.  Remarquons l'action du général baron Georges Kister (1755-1832), maire de la ville, de 1812 à 1814 puis de 1817 à 1824 qui en en tant que gouverneur de Salzbourg et de Dantzig fait une belle carrière au service de Napoléon I.

En janvier 1814, le général Gebhard Leberecht von Blücher établit son quartier général à Saint-Avold. L’occupation bavaroise se poursuit jusqu’en 1818.

Par la suite , la ville légitimiste accompagnera tous les changements de régime  (Restauration, Monarchie de juillet et 2eRépublique sans aucune résistance. Napoléon III  et le Second Empire y seront très populaire.

L’industrialisation se développe très lentement au cours de la première moitié du XIXe siècle. Fabrique de creusets, fonderie, fabrique de flanelles, tuilerie, brasserie, fabrique de bleu de Prusse, faïencerie, quinze tanneries, assurent du travail à un nombre croissant de naboriens. Néanmoins beaucoup d'habitants fuyant la dureté des conditions de vie, les disettes de 1817-1818, et les épidémies de choléra de 1833 et 1866, les crises économiques de 1845 et 1846, émigrent vers les États-Unis. Certaines familles comme les Collin et Risse font fortune dans le Nouveau Monde, d’autres choisiront le bassin Parisien, ou les nouvelles colonies françaises  qui se créaient.

L’ouverture de la voie de chemin de fer Metz-Saint-Avold en 1851, puis Saint-Avold-Forbach-Sarrebruck (1852) ainsi que la découverte du charbon à Carling avec l’ouverture du puits Max en 1862, va asseoir le développement de Saint-Avold.

La ville, voit la naissance de vingt-trois généraux, dont Auguste Édouard Hirschauer (1857-1943), futur sénateur de la Moselle, très engagé dans le développement de l'aéronautique française à partir de 1910. Elle est le lieu de naissance du père Pierre Victor Braun (1825-1882), fondateur de la congrégation des Servantes du Sacré Cœur de Jésus établie en France, en Angleterre et en Autriche et dont la maison mère est à Versailles.

  • Le Deuxième Reich de 1870 à 1918 

La ville est intégrée au Deuxième Reich comme toute la Moselle et les départements alsaciens, après la signature du traité de Francfort le 10 mai 1871, accepté par l’Assemblée Nationale  de Bordeaux à une immense majorité de députés.

Á partir des années 1885-1890 et sur demande pressante des commerçants et artisans, la ville devient une ville de garnison avec l'arrivée massive de militaires et de leurs familles, dans une conjecture dynamique propre à l'Empire allemand. La ville se développe sur un axe reliant le centre aux nouvelles casernes De Brack, ancienne Jäger Kaserne construite en 1911-1913, Lahitolle, ancienne Artillerie Kaserne, érigée de 1880 à 1890, Mahon (Ketzerrat-Kaserne) et Hamon, (Berg-Kaserne), occupées par le 14erégiment des Uhlans du Hanovre depuis 1886. Le protestantisme connaît un développement fulgurant et voit la construction en 1887-1889, de l'église protestante luthérienne devenue église de garnison, inaugurée le 22 avril 1889.

En 1900, la ville atteint les 5 000 habitants, elle passe à 6 400 en 1910, dont 2 500 militaires. Elle participe à la prospérité générale et se dote d'infrastructures nouvelles (tramway inauguré en 1911 eau, gaz et électricité grâce aux très dynamiques maires de carrière dont Joseph Koestel (1872-1960).

Les garnisons introduisent des activités de service pour l’approvisionnement du commerce. Les taverniers profitent des activités militaires et de l’animation en ville. Les constructions nouvelles portent l’empreinte du néo-gothique et néo-renaissance. Le tribunal et l’hôpital sont réalisés par l'architecte Weissdorf dans un style néoclassique. La fin du XIXesiècle voit s’établir définitivement l’organisation spatiale de la ville. Les rues commerçantes sont celles de Poincaré et Hirschauer et la place de la Victoire, celles des services et finances dans les rues des Américains et de Gaulle. La noblesse militaire occupe la nouvelle rue Houllé, l’avenue Clemenceau et la rue de la Carrière, les artisans et ouvriers les rues des Tanneurs, de la Montagne, de l’Hôpital et de la Mertzelle alors que les casernes sont construites en périphérie.

 

Adrienne Thomas (1897-1980)

Cette période voit la naissance d’Adrienne Thomas (1897-1980) écrivain de langue allemande qui relate le passé impérial de la ville, mais aussi  auteur en 1933 d’un best-seller :

« Catherine soldat », livre antimilitariste condamné par les nazis.

La ville retourne à la France après la victoire de l’Entente, le 11 novembre 1918.  Dans l’entre-deux-guerres, après une difficile réintégration à la France, elle conserve son aspect de ville de garnison. De nombreux régiments s'installent dans les belles casernes modernes laissées par les Allemands, tels le 18e régiment de chasseurs à cheval. 

La ville marque la réconciliation franco-allemande  avec un jumelage avec Dudweiler en Sarre, un des premiers du genre, le 28 juin 1964.  Depuis le 30 juin 1994 elle est aussi jumelée avec la ville de Fayetteville en Caroline du Nord.

  • Une ville confiante en l'avenir et où il fait bon vivre 

Les années 1990 voient la création d’un centre régional d’essais et d’applications en plasturgie inauguré le 29 juin 1990, agrandi devant son succès croissant pour atteindre une superficie de 1 740 m2  

Le 5 novembre 1994, on inaugure un I.U.T. de chimie fine. En partenariat avec Sarrebruck est créé dans le cadre du S.I.V.O.M., la zone industrielle « Europort » spécialisée dans la logistique des transports. 

Le 1erseptembre 2004 Saint-Avold crée la Communauté de Communes du Pays Naborien des dix communes de l'ex SIVOM (Altviller-Carling-Diesen-Folschviller-Lachambre-L'Hôpital-Macheren-Porcelette-Saint-Avold et Valmont).

Elle est, de nos jours,  le chef-lieu d’une communauté d’agglomération « Saint-Avold Synergie » créé le 1erjuillet 2017, avec 41 communes regroupant la Communauté de communes du Pays Naborien et celle du Centre Mosellan, représentant un bassin d’emplois de 55 370 habitants.

La ville poursuit son développement économique par la création à partir de 2010 d’un nouveau site commercial et marchand aménagés à la zone Agora, derrière la piscine intercommunale, ainsi que l’aménagement de nouvelles implantations industrielles route du Puits. 

Cette diversification industrielle ne va pas sans une certaine recherche de qualité de vie. Le vaste massif boisé de Saint-Avold a permis l’aménagement d’un centre aéré et d’un centre équestre avec parcours de santé et de nombreux sentiers de randonnée.

Sur la colline du Felsberg, un centre de rencontre international formé d’un ensemble de chambres, d’un restaurant associatif et d’un terrain de camping qui reçoivent des touristes néerlandais et allemands de passage. 

 
 
 
 

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